Art TEXTILE

 


Présentation des œuvres

Je questionne, à travers la vulnérabilité des dentelles et des tissus, l’ensemble des violences infligées aux femmes, qui sont ici mises en lumière.
C’est dans cette fragilité qui apparaît la beauté, niée jusqu’ici dans l’imaginaire collectif, des fluides menstruels représenté par l’encre rouge comme une possibilité. C’est une réhabilitation de la femme et de son propre corps dans ce qui apparaît être le Plus intime.
C’est pourquoi ma pratique picturale est basée sur des instants libres où je vis une expression à la fois corporelle, en tant qu’immédiateté, et sensorielle par le geste qui est une forme d’extériorisation : on le montre par essence aux autres, on fabrique un mouvement, une communication. J’utilise les dripping pour représenter les menstruations qui sont un tabou dans la société patriarcale et pour incarner le sang témoin de la violence. Je tente de sublimer ce qui est habituellement caché. J’essaye, ainsi, de lever la honte qui entoure ce sujet.
J’utilise tout mon corps, j’imprime mes empreintes de pieds sur le support, je laisse une trace. La marque d’une présence.
La relation entre le corps de l’artiste et le support relève de l’art corporel. Le corps, vécut dans la société moderne telle qu’il est occulté ou nie, joue le rôle d’un révélateur.
Le corps dans cette série de techniques mixtes apparaîtra au travers des sous-vêtements en dentelles imprimés en calligraphie sur papier. Ces dentelles sont les témoins de la présence d’un corps nié fragilisé maltraité dans son intimité.
Le corps apparaît sous forme de gravure, le trauma psychologique apparaît dans des messages écrits disséminés dans les œuvres qui interpellent le spectateur en le confrontant à son voyeurisme passif face à la brutalité ordinaire. »

Démarche artistique

Ma pratique artistique est axée sur la problématique de la violence invisible, qu’on pourrait définir comme une violence sociétale acceptée, et sur comment, en tant qu’artiste et femme, créer une trace de cette violence afin de construire une preuve d’une violence subie et qui est restée secrète.
J’ai ainsi construit les différents travaux produits, sur une méthodologie oscillant à la fois à travailler le relationnel d’une pièce à un public et une esthétisation de la brutalité.
Il s’agissait, au cours de ces différents travaux, de rendre compte des violences physiques et psychiques, des traumatismes des victimes de violence mais aussi de mettre en exergue la violence au corps et l’image de soi. Comme l’ont montré Michel Foucault ou Judith Butler, le corps est le point central du rapport au monde d’un individu, aussi le violenter c’est créer une forme d’exploitation, créer une forme d’aliénation.
J’ai choisi de chercher les images absentes, oubliées par le trauma et ses défenses presque immunitaires, et de construire des images sans fond à l’instar du philosophe bordelais Jean-Luc Nancy qui choisit de ne présenter que des images dont la violence est sous-jacente.
J’ai donc essayé de créer des images, que j’espère subtiles, pour affronter la surenchère de la violence qui fait que celle-ci perd son sens, tout comme l’information tue l’information.
Aussi, la violence est concrète, réelle et vécue, elle existe pour la victime mais elle est invisible pour les autres, tout à la fois dissimulée par le bourreau et par la victime. Il s’agit donc de se demander comment se manifestent les images de la violence visible ?
Qu’est-ce que la violence invisible ?
Par quels moyens cinématographiques (formels) l’art peut-il suggérer (montrer) ce qui n’est pas représenté
Comment l’art peut aider à guérir par la distanciation (le jeu de rôle) et par la création d’une preuve ?
Pour retranscrire au mieux ces problématiques, j’ai opté pour une focalisation autour de différentes pratiques artistiques tel que la peinture expressionniste abstraite et la peintures figuratives, l’art vidéo spécifiquement, l’auto-filmage et la performance.