Violence

Pour cette exposition Violence, il me tenait à cœur de pouvoir exprimer les
violences visibles et invisibles faites aux femmes. J’ai pris le parti de revenir à
la figuration ce qui me permet de confronter le spectateur face à son
voyeurisme et lui donner la possibilité d’agir. J’ai donc décidé de représenter
des corps fragmentés, disloqués, ce qui m’a permis de faire apparaitre des
traces de violence tels que les bleus et l’excision comme preuves de cette
violence physique, psychique et/ ou morale. La société banalise ces violences
par son indifférence du vécu des femmes en privé comme en public générant
ainsi tortures et féminicides encore à notre époque. Mes peintures expriment
la passivité de notre société sourde négligeant les cris des femmes et
cautionnant le système patriarcal machiste.

Mes peintures représentent l’expression de la douleur, de la souffrance, des
drames conjugaux, des crimes passionnels, la torture, les cauchemars, la mort,
le deuil, l’avortement et la perte.
J’essaye de mettre en scène la victime de violence dans un espace qui
correspond à son chagrin, sa sensation de perte, de choc, d’abandon, de défaite
et de vertige. Cet espace intérieur représente le lien de la femme avec le privé
et l’intime enfermée dans ces lieux clos, cachée au regard du quidam
soulignant de nouveau l’oppression de l’homme sur la femme. Dès qu’elle
revendique le droit de sortir dans l’espace publique et d’exprimer à haute voix
ces droits, elle est attaquée et traitée de sorcières ou tout simplement marquée
dans ses chaires par une volonté de domination totale de son corps et de son
esprit. L’enferment devient inévitable. Abandonnée par son entourage,
tombant dans un gouffre, elle est seule pour réapprendre à vivre, survivre avec
ces dégâts malgré les traumatismes pesants. Parfois même l’ultime peut surgir,
la mort comme issue possible. Dans ce gouffre elle est représentée les seins

sectionnés ce qui illustre une partie de soi coupé et le regard biaisé sur soi-
même illustrant la perte de l’estime de soi, la perte de confiance dans la

personne qu’on aime, la sensation de culpabilité et de mal être, le cœur coupé,

déchiré. Je fais appelle ici au symbolisme renforçant le sentiment d’évidence
du spectateur. Il n’est plus possible pour lui de se dérober.
Mon choix de reprendre certaines œuvres connues des artistes tel que (Bacon,
Van Gogh) participe aussi à capter le regard du spectateur qui ne peut plus
s’échapper : il ne remarque plus que les différences montrant de manière cru le
traumatisme sous-jacent.